Passer du rôle d’ingénieur.e à celui de gestionnaire n’est pas chose aisée, et plusieurs se heurtent à un mur en se livrant à l’exercice. Diriger un groupe, cultiver les relations humaines, savoir prendre soin des gens et gérer les conflits demeurent des défis de taille. Comment réussir la transition avec succès et relever le défi du leadership ? C’est ce qui a été demandé à Pierre Boudreault, EMBA, M.Sc., PCC, CRHA, consultant principal et coach exécutif certifié par l’International Coaching Fédération (ICF), développement des leaders et des équipes.
Les ingénieurs ont-ils les qualités de gestion ?
Est-ce que les ingénieures et ingénieurs ont les qualités requises pour occuper des postes de gestion ? « Oui. En gestion il faut faire vivre des processus et des protocoles. Or les ingénieur.e.s sont formé.e.s pour porter un regard objectif sur les situations. Les choisir pour remplir ces fonctions est donc un coup sûr. » affirme Pierre Boudreault. Il reste que le leadership et l’aspect relationnel, la capacité de prendre soin des gens, la gestion des conflits demeurent des enjeux de taille. Ils sont peu ou pas enseignés dans le cadre des baccalauréats en génie. Il est toutefois possible de les développer.
Des angles morts
Pierre Boudreaullt constate que beaucoup de diplômés en génie ont tendance à chercher la recette, autrement dit la technique qui permettra d’apporter une solution à un problème. Mais cette méthode ne fonctionne pas nécessairement lorsqu’on touche à des enjeux humains. C’est pourquoi il recommande de partir à la rencontre de leur propre personnalité et d’effectuer une introspection. « Un ingénieur me disait récemment qu’au lieu d’être è la tête de ses équipes, il a plutôt choisi d’être au cœur de celles-ci, ce qui nécessite de modifier sa posture : investir dans la confiance et non pas dans la méfiance. »
Un cadre de référence
Pour leur donner un coup de pouce et les aider dans leur transition vers des postes de gestionnaires, les organisations ont un rôle important à jouer auprès des ingénieur.e.s. Elles pourraient, par exemple, offrir des programmes de mentorat, ainsi que des parcours de gestion du leadership sous forme d’expériences immersives. « Le premier outil dont on dispose c’est soi-même, explique Pierre Boudreault. Plongez les gens dans des immersions et des simulations, une sorte de camp d’entrainement pour vivre des expériences de gestion qui les amène à faire des exercices d’introspection et à développer un état d’esprit plus réflexif, agile et résilient. » Il propose également la mise en place d’un cadre de référence pour les leaders qui s’articule autour de la gestion des affaires et des activités quotidiennes, et aussi de la gestion des personnes.
Regarder vers l’avenir
Pierre Boudreault souligne que les ingénieures. Et ingénieurs occupant des postes de gestionnaires doivent cultiver un état d’esprit orienté vers l’avenir en gardant en tête que plusieurs défis les attendent. « L’évolution du rôle des ingénieur.e.s dans les fonctions de gestion passe par là : ils agiront assurément comme des catalyseurs et l’intelligence artificielle fait déjà partie de leur coffre à outils de leaders » estime-t-il. Enfin ces gestionnaires venant du monde du génie ont aussi un rôle critique à jouer en matière de développement durable et doivent s’approprier les notions entourant les critères ESG* et relatives à l’ÉDI**, à titre de leviers de mobilisation.
Leur formation et leur expérience en génie font de ces gestionnaires de véritables forces vives qui pourraient activement contribuer à améliorer le mieux-être de l’humain dans l’entreprise.
Pour aller plus loin :
- Lire l’article intégral : Élever les voiles vers la gestion
- Maximiser son leadership d’influence (FORMATION)
- Style de leadership (GPP)
- Coaching – Réussir la transition vers un poste de gestionnaire (ARTICLE)
- Leadership, 4 postures à adopter (VIDEO)
*Critères Environnementaux sociaux et de gouvernance
**Équité, diversité et inclusion